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En Israël, une marée humaine avant un vote crucial sur la réforme judiciaire

Alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a été hospitalisé pour des problèmes cardiaques, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté depuis samedi pour la 29e semaine consécutive. La Knesset examine une mesure phare de la réforme controversé de la justice.

Des manifestants arrivant à Jerusalem, le 22 juillet 2023.
Des manifestants arrivant à Jerusalem, le 22 juillet 2023. © MENAHEM KAHANA / AFP
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Ils étaient seulement des dizaines à quitter Tel Aviv, rapporte notre correspondant à Tel Aviv, Sharon Aronowicz. Ils sont plus de 80 000 à être arrivés devant la Knesset samedi dans la soirée et sur la rue Kaplan, à Jérusalem, rebaptisée « la place de la démocratie ». Ce dimanche 23 juillet, les manifestants se sont réveillés dans leurs tentes posées devant le Parlement israélien.

« Démocratie ou révolution », ont scandé les manifestants partout dans le pays.L’écrivain David Grossman était notamment présent. Il a parlé d’un« nouveau processus qui se déroule sous nos yeux »,qu’il qualifie de « terrifiant ».Pour les opposants à cette refonte du système judiciaire controversée, c'est un moment charnière, analyse notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

Tambour à la taille, mégaphone à la main, Kalanit n’a pas manqué une seule manifestationen 29 semaines. Elle est consciente de l’urgence de la situation à quelques jours du vote en deuxième et troisième lecture d’une loi phare du projet. Un débat marathon a débuté à la Knesset. Il devrait s’achever, sauf changement de dernière minute, demain avec l’adoption en lecture finale de la clef de voûte de la réforme judiciaire : l’abolition de la clause de raisonnabilité. « Une fois que la clause de raisonnabilité sera annulée, cela ouvrira la voie à l'adoption de lois supplémentaires, le gouvernement pourra adopter toutes les lois qu’il souhaite et sans contrôle judiciaire », tance-t-elle.

Pression des réservistes

Dans la vieille ville, une chaîne humaine a relié symboliquement le mur des lamentations au Parlement israélien en passant par la Cour suprême. Depuis sept mois et une mobilisation d'une ampleur inédite, aucun compromis n’a été trouvé et le gouvernement s’apprête donc à adopter la première loi majeure de la réforme.

Kalanit espère que la mobilisation des réservistes de l’armée pourra faire la différence. « Israël, qu'on le veuille ou non, est un pays militaire qui repose sur son armée, elle est essentielle et la défection des réservistes est un message très fort », selon elle. Au moins 1 142 réservistes de l'armée de l'air israélienne ont menacé samedi de suspendre leur service volontaire si la Knesset adopte le projet de loi. Toute législation appliquée de manière « déraisonnable », « compromettrait ma volonté de continuer à risquer ma vie et me contraindrait, avec une grande tristesse, à suspendre mon service de réserve volontaire », ont-ils estimé dans une déclaration, alors que le conflit israélo-palestinien connait un regain d'intensité.

Benyamin Netanyahu à l'hôpital pour des problèmes cardiaques

Une semaine après son malaise qui avait été attribué à un coup de chaleur, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahua été hospitalisé samedi soir en urgence. Les médecins lui ont implanté un stimulateur cardiaque. L’opération a été un succès, selon le centre médical Sheba de Tel Hahomer. Mais il est toujours à l'hôpital et tous ses engagements pour les prochaines 24 heures ont dû être reportés. Benyamin Netanyahu devait rencontrer le chef d’état-major de l’armée israélienne Hezi Halevi pour discuter du nombre important de réservistes qui suspendent leur service volontaire pour protester contre la réforme et l’impact attendu sur la préparation militaire.

Ce dimanche matin, l’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, l'un des collaborateurs les plus proches de Benyamin Netanyahou, a lancé un appel : il faut marquer un temps d’arrêt dans la réforme, affirme-t-il.

Il est trop tôt pour savoir si cette hospitalisation aura une influence sur le vote à la Knesset. Petit détail : pendant son opération, l'intérim a été assuré par Yariv Levin, le ministre de la Justice. L’instigateur de la réforme judiciaire.

Que contient cette réforme de la justice ?

Avec ce projet de loi, le gouvernement souhaite revoir les pouvoirs de la Cour suprême. Ainsi, il souhaite inclure une clause « dérogatoire » qui permettrait au Parlement, avec un vote à la majorité simple, d’annuler une décision de la Cour suprême.

La réforme propose aussi de retirer les avocats du panel qui est chargé de nommer les juges de la Cour suprême. Aujourd’hui, il est composé par un groupe de juges, de députés et d'avocats du barreau, sous supervision du ministre de la Justice.

Le gouvernement souhaite également empêcher les juges d'invoquer le caractère « raisonnable » de certaines décisions politiques. Une volonté motivée par la décision du 18 janvier de la Cour d’invalider la nomination d'Arié Dery comme ministre de l'Intérieur et de la Santé à cause d’une condamnation pour fraude fiscale. La Cour suprême avait jugé cette nomination non « raisonnable », poussant ainsi le Premier ministre à démettre le ministre de ses fonctions.

Et enfin, le gouvernement souhaite réduire l’influence des conseillers juridiques dans les ministères car leurs recommandations sont utilisées par les juges de la Cour suprême lorsqu'ils statuent sur la bonne conduite du gouvernement. Le ministre de la Justice souhaite donc qu’elles soient clairement considérées comme des avis non contraignants.

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