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Rébellion de Wagner en Russie: Poutine veut démontrer la reprise en main

Grand déballage et poigne. Le président russe, après des années de dénégation, a reconnu et détaillé le financement direct de Wagner par l’État. Il a aussi mis en scène le soutien à son pouvoir de toutes les forces de sécurité. C’est son message essentiel.

Le président russe Vladimir Poutine écoute l'hymne national avant de prononcer un discours devant les unités du ministère russe de la Défense, de la Garde nationale russe (Rosgvardiya), du ministère russe de l'Intérieur, du Service fédéral de sécurité russe et du Service fédéral de garde russe, qui ont assuré l'ordre et la légalité pendant la rébellion, au Kremlin à Moscou, Russie, mardi 27 juin 2023.
Le président russe Vladimir Poutine écoute l'hymne national avant de prononcer un discours devant les unités du ministère russe de la Défense, de la Garde nationale russe (Rosgvardiya), du ministère russe de l'Intérieur, du Service fédéral de sécurité russe et du Service fédéral de garde russe, qui ont assuré l'ordre et la légalité pendant la rébellion, au Kremlin à Moscou, Russie, mardi 27 juin 2023. AP - Sergei Guneyev
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De notre correspondante à Moscou 

« Nous avons financé entièrement ce groupe via le budget du ministère de la Défense et le budget de l'État. Rien que de mai 2022 à mai 2023, l'État a payé à la société Wagner des salaires et des primes d'encouragement de 86 milliards 262 millions de roubles, dont 70 milliards 384 millions en espèces, des primes de 15 milliards 877 millions de roubles, des paiements d'assurance de 110 milliards 179 millions, tandis que le propriétaire de la société Concord grâce à des contrats avec l’armée et (malgré le fait que tout l'entretien de Wagner dépendait de l'État), a gagné 80 milliards de roubles en fournissant la nourriture de l'armée. L'État a pris en charge le soutien financier et Concord, à l'époque en parallèle, gagnait 80 milliards. J'espère que pendant ce temps-là, personne n'a rien volé ou volé juste un peu. Bien sûr, cela aussi, nous allons nous en occuper », a déclaré le président russe.

Le feuilleton et le déballage s’annoncent donc long et la menace ne vaut pas que pour Wagner. Tout le monde en Russie s’attend à ce qu’on appelle dans certains médias pudiquement « des changements de personnels », comprendre la chasse à tous ceux qui ont pu manquer au pouvoir le week-end dernier. Aux loyaux, par exemple la garde nationale dirigée par un de ses anciens gardes du corps, le président délivre en revanche les honneurs. Et les moyens. Pour la première fois depuis sa création en 2016, la Rosgvardia –dirigée par un ancien garde du corps de Vladimir Poutine- va recevoir des chars et d'autres équipements lourds.

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Vladimir Poutine: «Nous avons financé entièrement ce groupe via le budget du ministère de la Défense et le budget de l'État...»

Anissa El Jabri

Poutine remercie les soldats qui ont empêché une « guerre civile »

Cette séquence médiatique pour montrer qu’il a bien le pays en main, Vladimir Poutine l’a débutée le lundi soir 26 juin avec une courte allocution qui se voulait solennelle. Mais, les messages les plus importants ont été délivrés ce mardi. Voitures de police dans le centre, défilé d’uniformes kakis, médailles et épaulettes sur tapis rouge sur une des places à l'intérieur du Kremlin. Du FSB à l’armée, tous les corps de sécurité ont été rassemblés et félicités par Vladimir Poutine pour leur comportement lors de la mutinerie Wagner.

« Dans l'affrontement avec les rebelles, nos compagnons d'armes, des pilotes, sont morts. Ils n'ont pas bronché et ont honorablement rempli leur devoir militaire. Je vous demande d'honorer leur mémoire par une minute de silence », a déclaré chef de l’État.

Surtout, face à ce qui est apparu aux yeux du monde et aux yeux des Russes comme un vacillement de l’ordre, le président a aussi fait ce rappel : « Le ministère de la Défense, la Garde nationale, les employés du ministère de l'Intérieur et des services spéciaux ont assuré le fonctionnement fiable des centres de contrôle les plus importants, stratégiques, y compris la défense, les installations, la sécurité des régions frontalières, la sûreté de l'arrière de nos forces armées, celles toutes les formations militaires qui ont continué à combattre héroïquement au front à ce moment-là. Nous n'avons pas eu à retirer les unités de combat de la zone de l’opération spéciale »

Justification de ce qu’il s’est passé, mais aussi une manière de glisser que l’armée russe, même en pleine contre-offensive ukrainienne, peut parfaitement se passer sur le terrain des unités Wagner.

 

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« Des changements de personnels » à venir 

Le président veut montrer sa force, voilà le message principal et unique. Pas besoin pour lui de parler aux élites politiques et économiques, pas de message d’avenir au peuple à part la célébration de ce que le pouvoir vante comme du calme et de l’unité. Ce mercredi matin, le journal Kommersant rend pourtant compte d’une étude : samedi, dans la région de Voronej, les achats de viande, de poisson et de légumes en conserve ont augmenté de 830 %, à Rostov l’achat de farine de + 500% et dans la région de Moscou les céréales de +150%. Les Russes sur le chemin de Wagner ont, eux, bien cru que les troubles allaient durer très longtemps. 

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