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Restos du coeur, Croix-Rouge... pourquoi les associations traversent une crise inédite

Après l'appel à l'aide retentissant lancé par les Restos du coeur, c'est au tour de la Croix-Rouge et des banques alimentaires de tirer la sonnette d'alarme. Explications.

Les associations sont dans une situation critique.
Les associations sont dans une situation critique. (Christophe ARCHAMBAULT/AFP)

Par Mathilde Golla

Publié le 5 sept. 2023 à 16:26

Les associations sont dans une situation critique. Après l'appel à l'aide retentissant lancé dimanche soir par les Restos du coeur, c'est au tour de la Croix-Rouge et des banques alimentaires de tirer la sonnette d'alarme. Les comptes de ces grands acteurs de l'aide aux plus démunis sont exsangues.

« Les Resto du coeur pourraient mettre la clef sous la porte d'ici à trois ans », a lancé Patrice Douret, président de l'association, dimanche sur TF1. Lundi, ce fut au tour de la Croix-Rouge française d'appeler à « la générosité des entreprises et des pouvoirs publics » pour combler son déficit compris entre 45 et 50 millions d'euros. Mardi, Laurence Champier, directrice de la Fédération française des banques alimentaires révèle sur RFI que son association rencontre « des difficultés d'approvisionnement ».

Globalement, « on est plus qu'inquiets », confesse Nadège Rodrigues, directrice des études de France Générosité. « 2023 s'annonce plus que difficile pour les associations de notre périmètre et pour l'ensemble du secteur », ajoute la responsable.

Les conséquences en cascade de l'inflation

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En premier lieu car l'inflation provoque une forte hausse des coûts de fonctionnement des associations, qui courent déjà après les économies. « L'inflation est d'une violence inouïe », a lâché Patrice Drouet sur TF1. « L'inflation touche toutes les associations, les Restos du coeur ne sont pas un cas isolé », confirme sur RFI Laurence Champier, directrice de la Fédération française des banques alimentaires. L'inflation révèle, en outre, la crise structurelle que traverse le secteur de la solidarité.

La flambée des prix fragilise en effet les plus précaires qui n'ont d'autres choix que de se tourner vers les aides alimentaires. « Le nombre de personnes que nous accompagnons augmente de façon très sensible », précise Nathalie Smirnov de la Croix-Rouge française. Le collectif constate une hausse des demandes d'aide de 7 % au premier semestre, par rapport à la même période l'an dernier, après avoir déjà bondi de 22 % en 2022 par rapport à 2021.

Au total, le nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire a triplé en 10 ans, selon une étude réalisée récemment par l'institut CSA pour le premier réseau national d'aide alimentaire . « Des populations aux profils de plus en plus différenciés ont désormais recours à l'aide alimentaire », observe l'étude. En effet, de plus en plus d'étudiants, de retraités mais aussi de travailleurs précaires viennent frapper aux portes de l'aide alimentaire.

Repli des « petits dons »

L'inflation, encore elle, freine aussi les dons, en particulier les petits dons, constate le dernier baromètre de France Générosités . Les dons inférieurs à 150 euros ont diminué de près de 7 % en 2022. « La faible progression de 1 % des dons ne compense pas l'effet de l'inflation sur les associations », lâchait récemment le syndicat qui rassemble 140 associations dont les banques alimentaires. De son côté, la Croix-Rouge française lie ses « difficultés d'approvisionnement » à la baisse des dons. « Les associations sont confrontées à un effet ciseaux : le nombre de bénéficiaires augmente et les dons baissent », souligne Nadège Rodrigues.

Dans ce contexte, les associations préviennent qu'elles vont devoir réduire le nombre de bénéficiaires. « Nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d'aide alimentaire », alerte Patrice Douret.

Pour des mesures structurelles et concertées

Ces appels ont été entendus. Le ministère des Solidarités a annoncé une enveloppe exceptionnelle de 15 millions d'euros à destination des Restos du coeur. Plusieurs entreprises ont suivi le mouvement dont Carrefour ou le groupe Les Mousquetaires. Bernard Arnault et ses proches ont quant à eux annoncé une « contribution exceptionnelle » de 10 millions d'euros. Mardi, l'Alliance fédérale du Crédit Mutuel a fait don de 7,5 millions d'euros à la Croix-Rouge et 5 millions aux Banques alimentaires.

« On se réjouit de ces annonces mais il faut aussi adresser les problèmes de façon structurelle et concertée », réagit Nadège Rodrigues de France Générosité. Le syndicat plaide pour plus de stabilité fiscale et le développement de nouvelles formes de dons, via des SMS ou des transferts de RTT ou des congés payés par exemple. Le gouvernement pourrait s'en saisir.

Mathilde Golla

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