Analyse. C’est un « tournant de la rigueur » à la sauce parisienne qu’a pris subitement Anne Hidalgo, lundi 7 novembre, quand elle a décidé d’augmenter la taxe foncière. Elle s’y est résignée, contre toute attente, après plusieurs semaines d’atermoiements et de résistance à ses alliés écologistes qui l’y exhortaient. Elle a fini par trancher après avoir cherché, dans les moindres recoins, s’il était possible de réaliser 250 millions d’euros d’économies pour boucler son budget face à l’inflation, la crise énergétique et la baisse des recettes liées à la crise sanitaire provoquée par le coronavirus. En vain. Une hausse actée en rupture avec sa promesse électorale, durant la campagne municipale de 2020, de sanctifier les impôts locaux. Une hausse que les propriétaires parisiens ingurgitent en une monodose non homéopathique puisque la taxe bondit de 52 %, passant de 13,5 % à 20,5 %. Même si le taux imposé par la capitale demeure en deçà de la moyenne nationale.
La maire de Paris savait l’inconvénient politique d’une telle décision. Elle embrase un peu plus une opposition municipale déjà chauffée à blanc depuis son retour après ses mésaventures à l’élection présidentielle (1,75 % des voix au premier tour). Les Républicains (LR) y voient une nouvelle preuve irréfutable que les finances de la Ville de Paris sont dans le rouge vif.
Rachida Dati agite frénétiquement, depuis des mois, l’inéluctabilité d’une mise sous tutelle budgétaire. Quant à la majorité présidentielle, piquée au vif par les accusations d’Anne Hidalgo, qui rejette la responsabilité de la situation tendue sur Emmanuel Macron et le désengagement financier de l’Etat en faveur des collectivités locales, elle ne cesse de contre-attaquer. Gabriel Attal, ministre chargé des comptes publics et candidat putatif à la Mairie de Paris en 2026, a comparé la stratégie budgétaire d’Anne Hidalgo à une pyramide de Ponzi, système de cavalerie délictueux. La Ville de Paris pourrait déposer plainte pour diffamation.
Pas de troisième mandat
En augmentant aussi fortement la taxe foncière, l’édile parisienne a-t-elle commis une faute politique, à quatre ans des prochaines élections municipales, en plaçant, malgré elle, le débat sur les finances de la capitale au cœur, déjà enflammé, de la prochaine campagne, au même titre que la propreté, la sécurité ou la circulation ? Anne Hidalgo a annoncé qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat, mais il n’est pas certain qu’elle rende service à son premier adjoint et héritier quasi désigné, Emmanuel Grégoire. En d’autres termes, aurait-elle agi de même si elle s’était imaginé de nouveau candidate ? On ne le saura jamais. En revanche, Emmanuel Grégoire a laissé entendre qu’il aurait fait de même quand, il y a plusieurs semaines, il essayait de convaincre la maire que, cette fois, la volonté politique n’y pouvait rien et qu’il fallait se résoudre à annoncer une mesure impopulaire.
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