Haut-Karabakh : les clés pour comprendre le conflit

L’Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire d’envergure sur l’enclave peuplée d’Arméniens. Un cessez-le-feu a été annoncé mercredi.

Par Nicolas Guarinos

Temps de lecture : 3 min

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Au lendemain du déclenchement d'une offensive militaire d'envergure par Bakou sur le Haut-Karabakh, les combattants arméniens ont accepté de déposer les armes et d'entamer des négociations sur la réintégration de ce territoire à l'Azerbaïdjan.

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Cette annonce de cessez-le-feu est une victoire majeure pour le président azerbaïdjanais Ilham Aliev dans sa volonté de prendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens et qui a été le théâtre de deux guerres, l'une de 1988 à 1994 et l'autre à l'automne 2020.

Le bilan humain de cet assaut est pour l'instant d'au moins 200 morts et 400 blessés, selon les Arméniens. La situation humanitaire dans cette région enclavée est dramatique.

À Erevan, capitale de l'Arménie et ville située dans son territoire souverain, des manifestations ont eu lieu mercredi 20 septembre devant le siège du gouvernement. Les manifestants accusent le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, d'inaction au Haut-Karabakh. Bouteilles et pierres ont été lancées en direction de la police, qui a procédé à des arrestations. Les forces de l'ordre ont utilisé des grenades assourdissantes et prévenu qu'elles prendraient des « mesures spéciales » si l'ordre ne revenait pas, d'après une journaliste de l'Agence France-Presse.

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Qu'est-ce que le Haut-Karabakh ?

Le Haut-Karabakh est un territoire montagneux presque complètement entouré du territoire souverain de l'Azerbaïdjan. Il est relié à l'Arménie par une étroite bande, le corridor de Latchine. Cette enclave s'étend sur 4 400 kilomètres carrés soit à peu près la superficie de la Haute-Savoie. Il est peuplé de 120 000 Arméniens.

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Pourquoi ce territoire est-il disputé ?

Le territoire est au cœur d'un conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la révolution russe de 1917 et la fin de l'empire des tsars. Le rattachement du Haut-Karabakh à la République d'Azerbaïdjan est décidé par Moscou en 1921. À la chute de l'URSS, en 1991, le Haut-Karabakh proclame son indépendance par référendum. Une guerre avec l'Azerbaïdjan éclate et fera plus de 30 000 morts. Un cessez-le-feu est déclaré en 1994, mais le conflit ne sera jamais éteint.

Le 27 septembre 2020, les forces armées azerbaïdjanaises, soutenues par la Turquie, envahissent de nouveau la région. Après plusieurs mois de conflits et 6 500 morts, l'Azerbaïdjan récupère la totalité des terres entre le Haut-Karabakh et la frontière avec l'Iran. Le 10 novembre, un cessez-le-feu est ratifié par les deux parties et l'allié russe de l'Arménie Vladimir Poutine. Malgré l'accord, des heurts armés continueront de se produire régulièrement.

En décembre 2022, les troupes azerbaïdjanaises imposent un blocus au Haut-Karabakh en bloquant le corridor de Latchine, seule voie reliant l'Arménie à l'enclave. Une grave crise humanitaire survient, alors que les troupes russes restent sans réaction. En septembre 2023, l'Azerbaïdjan lance une offensive d'envergure sur l'ensemble de la ligne de front. Un nouveau cessez-le-feu est conclu le 20 septembre, entérinant la victoire de Bakou sur les forces arméniennes.

Quelle est la situation humanitaire ?

La situation humanitaire au Haut-Karabakh est catastrophique en raison d'un blocus mené par Bakou en décembre 2022. Des soldats azerbaïdjanais ont fermé en avril le corridor de Latchine, privant de nourriture, de pétrole et d'électricité les 120 000 habitants. Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui se trouvait fin août dans un convoi humanitaire empêché de rejoindre le Haut-Karabakh, avait parlé d'« une épuration ethnique » de la part de l'Azerbaïdjan.

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Quelle est la position de la France ?

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a condamné l'attaque et a averti que la France « tiendra l'Azerbaïdjan pour seul responsable du sort des populations civiles ». La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a dénoncé « l'utilisation d'armes lourdes y compris dans des zones habitées ».

Lors d'un appel avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, Emmanuel Macron a aussi exhorté « à une reprise sans délai des discussions pour trouver une solution à la crise humanitaire au Haut-Karabakh, parvenir à une paix juste et durable entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et garantir les droits et la sécurité des habitants du Haut-Karabakh, dans le respect des engagements pris et du droit international ».

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