Vétérinaire de formation, chroniqueuse sur RTL et autrice, Hélène Gateau raconte sa relation quasi filiale avec Colonel, un border terrier de 4 ans et demi, dans le livre Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant) (Albin Michel, 176 pages, 17,90 euros), paru le 13 septembre. Célibataire, sans enfant, elle assume le lien de parentalité tissé avec son animal et de lui avoir donné « la place de l’enfant qu’elle a décidé de ne pas avoir ».
Vous revendiquez le choix d’avoir un chien et pas un enfant. Pourquoi avoir eu besoin de vous justifier ?
Mon entourage m’a beaucoup posé des questions sur le rapport que j’entretenais avec mon chien, sur le fait que je vivais à travers lui une pseudo-maternité ou une simulation de la parentalité. Certains s’appuient même parfois sur ma relation avec Colonel pour me persuader que je serais une mère parfaite. J’ai déjà entendu : « Tu es si impliquée avec ton chien que ça manifeste forcément une fibre maternelle chez toi. » Ces réflexions m’ont poussée à réfléchir à l’amour que j’ai pour Colonel, et sur mes réelles motivations d’avoir adopté un chien plutôt que d’avoir un enfant. Mon choix de vie reste marginal, mais je suis convaincue que c’est une tendance naissante et grandissante, même si elle est encore rarement revendiquée comme telle.
Est-il encore mal vu d’être une quadragénaire, célibataire, sans enfant, mais avec un animal domestique ?
L’image de la « mémère à chien », celle d’une femme célibataire entourée de toutous, n’a pas totalement disparu. Oser dire que l’on donne une place de roi à son compagnon à quatre pattes, quand on vit seule, reste mal perçu. Une femme sans enfant est déjà mise dans une case ; si, en plus, elle affirme préférer avoir un chien car c’est moins de contraintes, c’est la double peine. On la soupçonne d’être misanthrope, on l’accuse d’égoïsme, de souffrir du syndrome Bambi, qui consiste à s’attendrir sur tout être qui n’est pas humain… J’ai voulu montrer que l’on peut avoir une vie sociale et affective riche, être bien dans sa peau, et en même temps être totalement comblée par la présence d’un chien.
Vous dites vivre avec votre chien une sorte de parentalité. Qu’entendez-vous par là ?
Je fais évidemment la différence entre l’espèce humaine et l’espèce canine. Un chien n’est pas un enfant. Mais, aujourd’hui, avoir un animal dans sa vie est une des multiples façons d’expérimenter la parentalité. On peut faire famille avec un chien, le lien d’attachement avec lui est très proche de celui qui se crée avec un bébé. S’en occuper, le nourrir, le protéger, le câliner, l’élever est un exutoire à notre besoin de prendre soin d’un être vivant, à notre comportement nourricier. Dans notre ADN est inscrite cette faculté à l’alloparentalité, le fait de pouvoir endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre. Pourquoi on ne pourrait pas l’exprimer vers une autre espèce ? En tant que dog mom [« maman d’un chien »], je me considère comme le fruit d’une évolution et non pas comme une aberration !
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