Autonomie de la Corse : Gérald Darmanin annonce qu'un accord a été trouvé entre État et élus

Le ministre de l'Intérieur a rencontré des élus corses cette nuit, place Beauvau. Un projet d'écriture constitutionnelle a été décidé, mais elle doit encore être votée.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (2e g) lors d'un dîner avec le sénateur corse Jean-Jacques Panunzi (2e d) et d'autres représentants politiques corses, le 26 février 2024 à Paris.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (2e g) lors d’un dîner avec le sénateur corse Jean-Jacques Panunzi (2e d) et d’autres représentants politiques corses, le 26 février 2024 à Paris. (©AFP/Archives/STEPHANE DE SAKUTIN)
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Le gouvernement et des élus corses sont tombés d’accord dans la nuit de lundi 11 à mardi 12 mars 2024 sur un projet d’« écriture constitutionnelle » prévoyant « la reconnaissance d’un statut d’autonomie » de l’île « au sein de la République », le fruit d’un consensus large mais pas sans réserves.

Ce projet d’accord vient parachever le « processus de Beauvau » initié par le ministre de l’Intérieur et va désormais être transmis à l’Assemblée territoriale corse pour qu’elle le vote, a précisé à la presse Gérald Darmanin à l’issue d’une rencontre de près de cinq heures au ministère.

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« Écriture constitutionnelle »

Le texte « respecte à la fois les lignes rouges fixées par le président de la République et moi-même, et également le temps imparti » par Emmanuel Macron, une période de six mois censée s’achever fin mars et déboucher sur un accord, a souligné le ministre.

Gérald Darmanin et les élus insulaires présents, dont Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, ont notamment trouvé un accord sur le premier alinéa de cette « écriture ».

« La présente écriture constitutionnelle prévoit la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République qui tient compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre », dit ce premier alinéa.

Gouvernement et élus sont aussi tombés d’accord sur le fait que « les lois et règlements peuvent faire l’objet d’adaptation » sur l’île, a ajouté le ministre.

« Pas décisif »

Gilles Simeoni a estimé qu’un « pas décisif » avait été franchi à l’issue de cette réunion, se félicitant que « le principe d’un pouvoir de nature législative, soumis à un contrôle du conseil constitutionnel, soit aujourd’hui clairement acté ».

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L'étendu et les modalités d'exercice de ce pouvoir législatif (...) relèveront de la loi organique (…) Je dirais que ce soir nous sommes en demi-finale, reste à gagner la demi-finale, et la finale.

Gilles SimeoniPrésident autonomiste du conseil exécutif de Corse

« Je reste déterminé à penser que l’octroi du pouvoir législatif est un problème, mais je ne vais pas endosser le rôle du bourreau du processus », a réagi le chef de file de l’opposition locale aux indépendantistes à l’assemblée de Corse, Jean-Martin Mondoloni, laissant planer le doute sur son soutien au texte dans la chambre locale.

Sur la même ligne, le sénateur de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi, (LR), a répété être « farouchement opposé au pouvoir législatif » qui serait attribué à la collectivité, bien que d’autres veuillent « aller beaucoup plus loin ».

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Communauté culturelle corse

Le président du Sénat, Gérard Larcher, et du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, sont « eux aussi farouchement opposés au pouvoir législatif », et la « loi reste et doit rester au Parlement » a-t-il affirmé.

Gérald Darmanin a assuré que ce texte ne prévoyait en aucun cas qu’il y ait en Corse « deux catégories de citoyens ». « Il n’y a pas de notion de peuple (corse) mais de communauté culturelle », a-t-il détaillé, écartant aussi tout « statut de résident » sur l’île.

« Nous avons avancé vers l’autonomie » et « il n’y a pas de séparation de la Corse avec la République » notamment puisqu’on « n’évoque ni le peuple, ni le statut de résident, ni la co-officialité de la langue », a résumé Gérald Darmanin.

« L’écriture constitutionnelle prévoit enfin que les électeurs inscrits sur les listes électorales de Corse soient consultés sur ce projet », a-t-il assuré.

Après consultation de l’Assemblée de Corse, « le président de la République engagera, quand il voudra, la réforme constitutionnelle », a poursuivi le ministre, en rappelant que le texte devra être voté par les deux chambres du Parlement dans les mêmes termes, puis adopté par le Congrès à la majorité des trois cinquièmes.

Source : © 2024 AFP

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